Verbum – Analecta Neolatina XXV, 2024/1

ISSN 1588-4309; https://doi.org/10.59533/Verb.2024.25.1.10



Abstract: Donald Trump is still attracting a great deal of media attention: even after his term as president has ended, a large number of derivatives of his name are (re)appearing in the press. Three French daily newspapers were analysed to gain a better understanding of their structure and significance: Le Monde, Libération and Le Figaro. The studied corpus consists of a selection of articles published between March 2020 and February 2021 containing occurrences of derivatives of the proper name Trump. These data, collected during the year in which the presidential election and the assault on the Capitol took place, are used to compare the occurrences of neologisms formed from the proper noun Trump in the three newspapers, and attest to the semantic shifts in these new lexemes. They can therefore illustrate the underway trends and the mechanisms underlying all neologism creation.

Keywords: proper nouns, Donald Trump, neologisms, lexicology, French press, derivation

Résumé : Le personnage de Donald Trump attire toujours autant l’attention des médias : même après la fin de son mandat présidentiel, un grand nombre de dérivés de son nom (ré)apparaît dans la presse. Trois quotidiens français ont été analysés pour mieux comprendre aussi bien leur structure que leur signification : Le Monde, Libération et Le Figaro. Le corpus étudié consiste en une sélection d’articles publiés entre mars 2020 et février 2021 contenant les occurrences des dérivés du nom propre Trump. Ces données recueillies pendant l’année où ont eu lieu le scrutin présidentiel et l’assaut au Capitole servent à comparer les occurrences des néologismes formés à partir du nom propre Trump dans les trois journaux et attestent des glissements sémantiques de ces nouveaux lexèmes. Ceux-ci peuvent donc illustrer les tendances en cours et les mécanismes sous-jacents à toute création néologique.

Mots-clés : noms propres, Donald Trump, néologismes, lexicologie, presse française, dérivation

1 Introduction

L’ancien président des États-Unis Donald Trump attire toute l’attention depuis son élection en 2016 : omniprésent dans les médias, il laisse des traces non seulement en politique mais également dans la langue. Si la présence de Donald Trump en politique reste imprévisible et incertaine, sa disparition de la langue n’est pas à l’ordre du jour : l’intérêt médiatique au cours des 4 ans de sa présidence ainsi que les événements liés à la fin de son mandat conduisent à une quantité de nouvelles créations lexicales dérivés de son nom, apparaissant principalement dans des textes journalistiques (voir Nekudová, 2019). C’est non seulement le nombre des néologismes ainsi créés mais également leur contenu sémantique qui font l’objet de notre étude : les dérivés réapparaissent à maintes reprises dans des contextes différents et leur richesse est surprenante.

Selon cette optique, le nom propre Trump n’est plus privé du sens ou doté d’un sens limité (Leroy, 2005) ou réduit à un prédicat de dénomination (être appelé de) (Kleiber, 1984). L’exemple de Trump montre que des dérivés tels que trumpisme et trumpien sont dorénavant des lexèmes qui caractérisent un courant idéologique, quoique la plupart des néologismes dérivés du Npr Trump reste liée à l’actualité et soit ainsi occasionnelle, comme la majorité des néologismes parus dans des textes journalistiques, y compris (et peut-être avant tout) les dérivés des noms propres (Leroy, 2004). Malgré le fait que les lexèmes étudiés ne soient qu’un exemple de ce phénomène, nous croyons qu’il peut mettre en évidence des tendances et mécanismes sous-jacents qui sont valables pour d’autres néologismes au sein de ce dense groupe de dérivés (Boutmgharine et al., 2018).

2 Le corpus et la méthodologie

Focalisée sur la période de mars 2020 jusqu’à février 2021, cette partie de notre étude a pour but de comparer les occurrences et la structure des néologismes à la base du Npr Trump dans trois quotidiens français : Le Figaro, Le Monde et Libération, chacun d’une orientation politique différente. La période choisie couvre plusieurs tournants importants : la campagne présidentielle, le scrutin, la défaite de Donald Trump et, enfin, l’attaque du Capitole. Ces événements qui préparent un terrain fertile pour les créations néologiques se reflètent dans un corpus qui consiste dans des articles contenant un ou plusieurs néologismes.

Ce corpus va également servir pour la suite de notre recherche et constituer une base de textes pour une analyse sémantique des lexèmes choisis afin de mieux comprendre leur sens grâce au cotexte phrastique et, plus large, celui du paragraphe. Pour compléter et diversifier la méthode (Sablayrolles, 2002), (Cabré, Yzaguirre, 1995), nous comptons travailler également avec des corpus tels que Aranea, Néoveille ou Sketch Engine dans la continuité de notre travail. Les chiffres suivants ne sont donc qu’une partie de notre étude et ne permettent pas de tirer de conclusions générales : pourtant, comme nous l’avons déjà évoqué, elles permettent de dégager des évolutions en cours et montrent à quel point l’actualité influence la créativité néologique (Dobrin, 2010).

3 La comparaison des occurrences : Le Monde, Libération et Le Figaro

Le tableau suivant résume la productivité néologique du Npr Trump en termes de nombre d’occurrences des dérivés au cours de l’année de la collecte. Elle compare les données dans les trois journaux analysés et met en évidence l’impact des événements politiques : c’est d’abord le scrutin présidentiel du 3 novembre 2020 et le point culminant du 6 janvier où a lieu l’assaut du Capitole.

Tableau 1

  Le Monde Libération Le Figaro
mars 2020 11 1 5
avril 2020 22 5 10
mai 2020 3 3 16
juin 2020 10 10 17
juillet 2020 7 11 17
août 2020 32 14 14
septembre 2020 48 7 19
octobre 2020 50 30 87
novembre 2020 101 32 95
décembre 2020 13 8 12
janvier 2021 64 92 165
février 2021 26 13 21
au total 387 226 478

Il est à noter que chacun des 3 journaux présente un nombre différent d’occurrences : tandis que Libération n’atteint que 226 occurrences au total, Le Figaro en compte le double. Or, la variabilité de l’attention y consacrée par les différents journaux n’empêche pas la comparaison des tendances qu’on peut observer : le graphique montre les données d’une manière plus intelligible :

Fig. 1

Les deux événements les plus marquants étant faciles à distinguer, ils attestent de quelques différences. Le plus surprenant est probablement le point culminant entraîné par les élections présidentielles : on s’attendrait à ce que le nombre d’occurrences des dérivés atteigne son maximum. Or, ce n’est pas le cas ni dans Libération ni dans Le Figaro. Dans Libération, par exemple, la courbe monte au mois d’octobre, elle s’arrête à environ 30 occurrences au mois de novembre tandis que Le Monde en présente plus de 100 et Le Figaro 95. Cette disparité attire encore plus l’attention car en janvier, la tendance s’inverse : c’est alors que le nombre d’occurrences recueillies dans Libération monte en pic et au mois de janvier, on trouve presque 100 occurrences (rappelons que le total dans la Libération est beaucoup moins élevé que dans Le Monde et Le Figaro). En comparaison, Le Monde ne contient qu’une soixantaine de dérivés ce mois-là. Le Figaro, au contraire, atteint son maximum (et également le maximum de tout le corpus) en janvier : la courbe est donc semblable à celle de Libération, quoique les chiffres soient plus élevés.

Néanmoins, il est intéressant de noter une chute au mois de décembre : les trois journaux ne contiennent alors que très peu de dérivés. Ceci pourrait s’expliquer par la combinaison de la période de l’avent et des fêtes de la fin d’année et le caractère très éphémère de l’actualité. Ceci montre non seulement à quel point l’actualité influence la créativité lexicale mais également le fait que chaque journal en épouse les contours d’une manière distincte : Le Monde et Libération étant des journaux nationaux essayant de présenter les faits de manière similaire, on s’attendrait à des courbes similaires. Cependant, c’est plutôt le contraire : si deux courbes se ressemblent, ce sont certainement celles de Libération et du Figaro malgré la taille différente des deux corpus et le fait que chutes et pics soient plus prononcés pour Le Figaro.

Néanmoins, les chiffres seuls n’esquissent qu’une image vague de ce phénomène de dérivation du Npr Trump : plusieurs facteurs entrent en jeu, comme nous le verrons dans le chapitre suivant qui se focalise sur la structure plus détaillée des données analysées. Pourtant, ils permettent d’observer l’impact du cours des événements et soulignent sa transposition dans les journaux.

3.1 Les lexèmes les plus fréquents

Les trois corpus analysés témoignent non seulement d’une quantité exceptionnelle mais également d’une grande richesse : nous avons pu repérer 26 nouvelles créations lexicales dans Le Monde, 22 dans Libération et 30 dans Le Figaro. Il s’agit au total de 49 nouvelles unités lexicales, en tenant compte du fait que certains lexèmes font partie de plusieurs corpus. De plus, par exemple le lexème antitrumpisme apparaît sous trois variantes d’orthographe : on le trouve sans tiret : antitrumpisme avec tiret : anti-trumpisme ou avec tiret et majuscule : anti-Trumpisme.1 Le tableau suivant présente la totalité des néologismes repérés avec les détails du nombre d’occurrences dans le journal en question.

Sans devoir procéder à une analyse détaillée, on peut s’apercevoir que les trois corpus favorisent 5 lexèmes qui apparaissent d’une manière récurrente et le reste des lexèmes ne compte que quelques occurrences chacun. Ce qui est encore plus intéressant, c’est le fait que ces 5 lexèmes soient identiques dans les 3 corpus (bien que leur nombre d’occurrences varie). Le tableau suivant montre ces 5 lexèmes tout en précisant leurs occurrences dans l’intégralité des trois corpus :

Tableau 2

Néologisme Occurrences au total
trumpisme 256
pro-Trump 243
trumpiste 242
trumpien 115
anti-Trump 114

Le trumpisme en tête du tableau suscite des questions et ouvre des pistes d’analyse. Tandis que les néologismes comme pro-Trump, anti-Trump ou trumpiste désignent soit des partisans soit des opposants d’une idéologie, le trumpisme désigne plutôt un concept ou un ensemble de caractéristiques ou de comportements typiques de Donald Trump et pourrait se montrer plus révélateur des sèmes associés à ce Npr. D’une manière similaire, trumpien pourrait très bien servir pour les analyses sémantiques en supposant que sa fonction ne soit pas uniquement relationnelle.

Le tableau suivant détaille le nombre d’occurrences des 5 lexèmes les plus fréquents dans chacun de journaux analysés, y compris le pourcentage d’occurrences dans le corpus donné.

Tableau 3

Le Monde occurr. % La Libération occur. % Le Figaro occurr. %
trumpisme 117 30,2 pro-Trump 67 29, 6 pro-Trump 114 24
trumpiste 113 29,2 trumpiste 48 21,2 trumpisme 97 20,4
pro-Trump 62 16 trumpisme 42 18, 6 trumpiste 81 17,1
anti-Trump 31 8 anti-Trump 19 8,4 trumpien 67 14,1
trumpien 30 7,8 trumpien 18 8 anti-Trump 64 13,5

Tandis que Le Monde atteint son maximum de néologismes autour des élections présidentielles, pour Libération et Le Figaro, c’est l’assaut du Capitole mis en œuvre par les partisans de Donald Trump, comme mentionné ci-dessus, qui est le plus favorable à l’apparition de néologismes. Ceci peut expliquer une abondance de pro-Trump dans la Libération et Le Figaro. Bien que dans Le Monde, le pourcentage de pro-Trump soit moins élevé, ce préfixe reste néanmoins très productif : le nombre d’occurrences de pro-Trump est le double de celles relatives à anti-Trump. C’est d’ailleurs le cas des trois journaux examinés, sans doute une conséquence de l’assaut. En effet, cela nous permet d’observer la manière dont l’actualité se répercute sur la création néologique : elle influence nettement la structure du corpus et la fréquence des nouvelles unités lexicales.

3.2 Structure morphologique des dérivés

Si les événements imprègnent visiblement la structure du corpus examiné, les mécanismes au niveau morphologique sont plus difficiles à discerner. La productivité morphologique étant un phénomène qui se heurte à plusieurs difficultés définitoires et méthodologiques (Gérard, 2018 : 23), il reste compliqué d’affirmer avec certitude qu’un affixe est plus productif qu’un autre. Néanmoins, ceci n’empêche pas de dégager des tendances au sein de notre corpus et de les comparer à des recherches similaires : à titre d’exemple, Leroy (2005 : 12) trouve un grand nombre de dérivés suffixaux servant à créer des substantifs.

Le tableau n°4 et la figure n° 2 montrent les proportions des procédés morphologiques employés pour la création de nouveaux lexèmes dans chacun des 3 corpus. Précisons que le tableau suivant ne prend pas en considération le nombre d’occurrences des dérivés.

Tableau 4

Fig. 3

Comme mentionné ci-dessus, la suffixation semble être un procédé morphologique fécond : non seulement certains suffixes, tels que -isme, -iste et -ien surgissent dans le corpus à maintes reprises et leur nombre d’occurrences dépasse nettement ceux d’autres dérivés mais aussi sont-ils importants en ce qui concerne le nombre de lexèmes créés. Pourtant, il semble que ce soit uniquement le cas des trois suffixes susmentionnés : le reste des dérivés suffixaux ne compte que quelques occurrences chacun. Malgré tout, l’inventivité des journalistes est surprenante : des créations comme trumpisé, trumpiserie, trumpisation, trumpeur ou trumpissime prouvent que la presse nationale dite traditionnelle n’hésite pas à recourir à l’emploi des néologismes.

Cela est, d’ailleurs, vrai également pour les préfixes, quoique leur nombre soit moins élevé que celui des suffixes : après-Trump, post-Trump, pré-Trump, néo-Trump … Cependant, cela concerne uniquement pro-Trump et anti-Trump dont le nombre d’occurrences dans le corpus donné se compte en dizaines : sans doute est-ce là une conséquence des événements politiques et un reflet de la polarisation des deux camps dans la langue.

3.3 Analyse grammaticale

Remarquons également que ces lexèmes représentent les catégories grammaticales les plus courantes dans les deux corpus : les adjectifs et les substantifs formés soit par suffixation soit par préfixation sont les dérivés les plus fréquents dans le corpus :

Tableau 5

Fig. 3

Les données exposées ci-dessus montrent que non seulement les 5 lexèmes les plus courants mais aussi la majorité des dérivés sont des substantifs suivis d’adjectifs ou de lexèmes dont le suffixe n’indique pas la catégorie grammaticale et qui, par conséquent, peuvent être soit des adjectifs, soit des substantifs selon le contexte. Ainsi, les analyses des trois journaux dévoilent que le classement en catégories se heurte à certains obstacles. A titre d’exemple, prenons le cas du néologisme trumpiste qui apparaît à plusieurs reprises dans le corpus et qui se glisse dans deux catégories grammaticales, comme le montrent les extraits suivants où il est employé soit comme substantif en désignant les partisans de Trump :

« On a beaucoup souligné que la réponse de la police aurait sans doute été bien différente si, au lieu de trumpistes, des militants de Black Lives Matter avaient attaqué le Capitole. » (Libération, publié le 08/01/2021)

… soit comme adjectif :

« Mais elles constituent l’un des ciments de la base trumpiste, comme les milliers de manifestants pro-Trump, inquiets de tomber sous le joug d’un « gouvernement marxiste […] » (Le Monde, publié le 25/11/2020)

Les extraits ci-dessus nous amènent à formuler une réflexion plus détaillée sur le caractère sémantique des dérivés : trumpiste peut donc désigner un partisan de Donald Trump, comme c’est le cas dans le premier extrait. Dans le deuxième extrait, il est employé comme adjectif : trumpiste ici établit le lien avec Trump en prenant la place de la préposition ʻdeʼ en désignant en effet la base de Trump. Pourtant, d’autres exemples montrent qu’il n’est plus possible ici de parler uniquement d’adjectifs relationnels :

« Alors que l’aile la plus trumpiste demandait la tête de la numéro trois de ce groupe, […] » (Le Monde, publié le 16/02/2020)

Dans cet extrait, c’est la présence d’un adverbe d’intensité qui sous-entend plutôt un adjectif qualificatif et, de ce fait, un glissement sémantique. Néanmoins, dans d’autres contextes la différence entre un adjectif qualificatif et relationnel est moins évidente : le tableau suivant donne quelques exemples du dérivé trumpien avec son cotexte :

Tableau 6

Le contenu sémantique restant encore une piste à développer au sein de notre étude, les exemples ci-dessus laissent entendre que cet adjectif décrit certaines qualités : nous pouvons observer des adverbes d’intensité (ʻtrèsʼ à l’occurrence) ou le pluriel du substantif précédant le dérivé (accents trumpiens) qui en témoignent (Jonasson, 2005). Pourtant, le cotexte immédiat ne suffit souvent pas à détecter la totalité des sèmes liés au nouveau dérivé. En effet, il convient de prêter attention à une analyse textuelle plus approfondie : l’extrait suivant contenant le dérivé trumpisme en présente un bon exemple, puisque le texte lui-même définit le dérivé et établit le concept de cette nouvelle idéologie :

« Un mandat qui a confirmé ce que politistes et historiens pressentaient lors de son accession au pouvoir : le trumpisme ne se résume ni à une idéologie ni à une philosophie. Mais un mode de gouvernance se dégage néanmoins, marqué par l’extrême polarisation de la société américaine : « Donald Trump gouverne avec un mélange de néoconservatisme et de politique d’extrême droite, en utilisant un langage fortement nationaliste, populiste et autoritaire » […] » (Le Monde, 4/11/2020)

Pour ce néologisme en particulier, c’est, par ailleurs, le cas à travers les journaux : il semblerait que le trumpisme devienne un courant de pensée équivalant à une combinaison de plusieurs caractéristiques, comme nous l’avons vu dans l’extrait ci-dessus : le trumpisme se trouve comparé non seulement à la polarisation, au néoconservatisme, à l’extrémisme, au nationalisme, au populisme ou à l’autoritarisme mais également à l’unilatéralisme ou la xénophobie.

A notre avis, le contexte du paragraphe entier pourra servir également à déterminer le contenu sémantique d’autres dérivés comme trumpien ci-dessus. Par conséquent, cela en fait une piste d’analyse idéale pour l’étude sémantique des néologismes dérivés de noms propres (Mortureux, 2011). Pourtant, cette dernière partie de la recherche reste encore à approfondir et finaliser, il faut donc la percevoir pour l’instant comme une esquisse qui sert à accompagner et développer les données sur le nombre d’occurrences et les dérivés les plus fréquents.

4 Conclusion

Objet de nombreux débats politiques, le nom de l’ancien président des États-Unis s’avère particulièrement fécond en production néologique. À travers les trois quotidiens examinés, il est possible d’observer que, malgré un grand nombre de néologismes menacés de tomber dans l’oubli, certains dérivés réapparaissent plusieurs fois : trumpisme, pro-Trump, anti-Trump, trumpiste ou trumpien. Cette récurrence surprenante d’emplois permet également de constater des glissements sémantiques. Cette partie, pourtant, reste à être développée et d’autres prolongements de cette recherche sont envisageables : la comparaison avec d’autres personnages politiques français ou à l’international ou l’élargissement du corpus examiné. Aussi, la question se pose de savoir si le scrutin présidentiel de 2024 pourrait bien déclencher une nouvelle vague d’intérêt médiatique pour Donald Trump dont l’importance, en ce moment, semble diminuer mais est loin de disparaître.

Références

Boutmgharine N., E. Cartier, J.-F. Sablayrolles & et al. (2018) : Détection automatique, description linguistique et suivi des néologismes en corpus: point d’étape sur les tendances du français contemporain. SHS Web of Conferences 46 : 1–20. https://doi.org/10.1051/shsconf/20184608002

Cabré, M. T. & L. de Yzaguirre (1995) : Stratégie pour la détection semiautomatique des néologismes de presse. TTR. Technolectes et Dictionnaires 8: 89–100. https://doi.org/10.7202/037219

Dobrin, S. (2010) : Les néologismes formés sur des noms propres dans la presse française et allemande. Studii de gramatică contrastivă 14 : 42–50.

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Leroy, S. (2005) : Les dérivés de noms propres dans le TLFi : quelles bases pour quels sens ? Corela 1 : 1–12. https://doi.org/10.4000/corela.1146

Mortureux, M.-F. (2011) : La néologie lexicale : de l’impasse à l’ouverture. Langages 3 : 11–24. https://doi.org/10.3917/lang.183.0011

Nekudová, V. (2020) : Les dérivés du nom propre Trump dans le contexte de la crise sanitaire : approche sémantique et morphologique. Vestnik za tuje jezike 12 : 57–68. https://doi.org/10.4312/vestnik.12.57-68

Sablayrolles, J.-F. (2002) : Fondements théoriques des difficultés pratiques du traitement des néologismes. Revue française de linguistique appliquée 7 : 97–111. https://doi.org/10.3917/rfla.071.0097


  1. Ces derniers ont été comptabilisés comme une seule unité lexicale pour le but de notre analyse.↩︎