Verbum – Analecta Neolatina XXIV, 2023/2
ISSN 1588-4309; https://doi.org/10.59533/Verb.2023.24.2.3
Abstract
This article proposes an ecosophical approach to the work of Marie Darrieussecq in a context circumscribed by the philosophical works of Gilles Deleuze, Félix Guattari, Baptiste Morizot, Bruno Latour, D. J. Haraway, and then gives a reading of the cover text for Nicolas Guiraud’s photo album, Anthropocène (2017), drawing on Emanuele Coccia’s concept of landscape. In the light of the ecological context outlined, Darrieussecq’s programme of making a world out of what disintegrates takes on a collective dimension where to fabulate is to remain in (social, mental, environmental) disorder. For inhabiting the disorder does not happen without becoming-with, without daring to go out and garden one’s forest, one’s biotope – as a sow, as a clone, as a writer, but always taking up the pen to write before it is too late…Le paysage, tout paysage n’est rien d’autre qu’une
sorte
de musée de la Nature contemporaine2.
Depuis ses débuts en 1996, le travail artistique de Marie Darrieussecq ne cesse d’intriguer. Son univers toujours perturbant paraît encore mieux résonner avec les crises contemporaines que dans les années 2000. À la recherche d’une écriture inédite, ses livres s’inscrivant ouvertement dans un projet « politique3 », l’œuvre de Darrieussecq se réclame aujourd’hui d’une relecture écologique4. L’écocritique, affirme Alexandre Gefen en 2021, commence à devenir en France « une grille herméneutique essentielle5 » situant au cœur de l’intérêt l’idée de l’engagement de l’artiste pour les causes telles que l’environnement, la défense de l’écosystème, la disparition de la biodiversité, le réchauffement climatique, la migration ou le rapport non-équitable entre vivant et non-vivant, etc. Reconfigurés sur ce défi, certains traits de l’univers darrieussecquien moins perçants au déchiffrement systématique deviennent maintenant plus pénétrants, plus lisibles. On dirait que la perspective écologique et écocritique faisant appel à une cosmopolitesse6 dans notre vivre-ensemble avec la nature, met sous un éclairage nouveau les romans que la critique littéraire avait d’abord tendance à interroger dans un contexte générique (autour de l’autofiction) assignant à la prose de Darrieussecq plus de valeur esthétique et poétique intransitive que transitive. Nonobstant, cette prose a toujours été politique et engagée pour la cause féministe et animale. L’effort pour traduire une nouvelle sensibilité à valeur biopolitique et éthique, ainsi que l’engagement pour une nouvelle épistémologie censée pouvoir rendre compte de nous dans notre devenir – nous, les autres animaux –, devenir dont la compréhension profonde reste des plus urgents de nos jours, constituent l’arrière-fond de l’engagement écologique de Marie Darrieussecq.
Son programme d’écriture écologique consiste – pour aller vite, et pour repérer d’autres interlocuteurs de cet œuvre – à vouloir « vivre avec le trouble », sans crainte, sans répit. Par ce titre de l’essai programmatique de Donna J. Haraway7, on entend souligner que la prose de Darrieussecq, en nous confrontant à nos peurs et idées reçues, en provoquant un inconfort cognitif, ne cesse de semer et susciter le trouble. Selon Haraway, c’est exactement ce qu’il faut faire : semer le trouble au lieu de s’adapter aux désastres ; l’habiter et vivre avec pour en tirer de nouvelles pratiques de vivre-ensemble ; décupler la capacité d’agir et développer les sensibilités qui sont, à l’heure actuelle, défaillantes, insuffisantes, déficitaires. Or, c’est exactement à quoi Marie Darrieussecq nous invite déjà dans son premier roman, Truismes8, lorsque, à travers la fable dystopique d’une métamorphose animalière, elle met en scène un devenir-animal qui confronte le lecteur à ses peurs ancestrales, à ses a priori catégoriels.
Quant à la thématique de « l’humain devant la nature », et surtout en ce qui concerne la difficulté à saisir la complexité conceptuelle des trois éléments ainsi réunis (l’humain–devant–la nature), on insiste avec Bruno Latour sur « l’instabilité de la (notion de) nature9 », et, partant, sur la nécessité d’une relation dynamique que l’humain se doit d’entreprendre avec la nature. Cela implique une agentivité quitte à brouiller le paradigme occidental basé sur les oppositions binaires (nature/culture, homme/animal, corps/âme, etc.). La nature, à prendre sur ce mode relationnel, n’est plus à l’extérieur de nous, elle n’est pas de l’autre côté de nous. Dans la même ligne de pensée, Emanuele Coccia dit dans son bel essai sur Le Semeur de Van Gogh en identifiant dans le paysage une « modernité de la nature », que
[c]haque espèce est le territoire agroécologique de l’autre : chaque être est le jardinier d’autres espèces mais aussi le jardin d’autres espèces encore, et ce qu’on nomme « monde » n’est finalement qu’une relation de culture réciproque (jamais purement définie par la logique de l’utilité, ni par celle du libre usage). En ce sens il n’y a pas d’espaces sauvages, parce que tout est cultivé et parce qu’être au monde signifie jardiner d’autres espèces, et en même temps et avec le même geste être l’objet de l’ensemencement des autres10.
Ainsi, la nature n’étant plus pensable en termes d’opposition avec la culture, sa déterritorialisation implique-t-elle aussi celle du régime scopique qui l’érigea et la fonda11. Dans la perspective du grand partage entre nature et culture, entre science et art dont nous sommes les héritiers et assimilée à l’objet (paysage, extériorité non codée), la tradition occidentale s’approprie cette nature dans une vision optique ou, mieux encore, par la contemplation, en l’investissant de valeurs anthropomorphiques, morales et psychiques. C’est cette acception que la peinture de paysage12 et la poésie romantique n’ont eu de cesse de réitérer, ayant fait de la nature le lieu par excellence du sublime, bref un endroit plein de promesses de sens à même d’incarner la vérité de la nature humaine. Or, « la « nature » a rendu le monde inhabitable13 », objecte Latour ; ainsi la pensée écologique telle qu’elle se définit de Latour à Timothy Morton14, ne signifie point « l’irruption de la nature dans l’espace public, mais la fin de la « nature » comme concept permettant de résumer nos rapports au monde et de les pacifier15 ». Dans une perspective politique, Latour propose de penser le sujet en tant que sol, territoire, espace, et se met par là même dans la lignée de la géophilosophie de Deleuze et Guattari.
Pour pallier la désorientation générale qui caractérise notre société contemporaine, Latour souligne le rôle privilégié de l’artiste qui non seulement enregistre les mutations en cours, les dégâts provoqués par l’Anthropocène, mais nous apprend aussi, en développant nos capacités esthétiques, cognitives et attentionnelles, à mieux « résister au désastre16 ». L’artiste crée de nouvelles perceptions et compréhensions du réel, inaccessibles à l’esprit formaté par l’épistémologie classique, par ou sous « l’Ancien Régime Climatique17 ». Le territoire vers lequel il s’ouvre, tient du concept de déterritorialisation de Deleuze et Guattari. C’est dans cette dynamique déterritorialisante que se trouvent interconnectés et inextricablement liés, vivants et non-vivants, humains et non-humains, animaux, végétaux, minéraux, plantes, esprits, fantômes, concepts, sujets, langues, agencés pêle-mêle, tous ensemble, dans leur devenir. Les arts – tout comme finalement les sciences – auront ce territoire à reterritorialiser. Passeur, arpenteur, surfeur18, athlète19, tous des philosophes, deviennent diplomates20, tout comme l’artiste qui commence à « prendre en charge […] un certain état de la planète21 » : pister22, cartographier ce territoire ne va pas tout seul, il faut le fabuler… Selon Morizot, dans la lignée de Deleuze, c’est par le lien de la fabulation23 que la nature devient – à la prendre par le milieu dans son agencement écologique – le sol à inventorier, le territoire à arpenter.
Or, quoi de plus approprié pour les arts que de créer des mondes possibles ? Ce qui étonne c’est plutôt l’intérêt que les sciences portent aux arts. De Latour à Haraway, les travaux d’Emanuele Coccia, d’Isabelle Stengers, de Baptiste Morizot, de Viciane Despret ou d’Anna Tsing traduisent ce retournement épistémologique, cette « reconnexion vertigineuse24 » entre sciences et littératures. L’art du récit, comme Anna Tsing appelle son entreprise, vient non seulement déterritorialiser les partis pris scientifiques mais procède – comme le dit Marielle Macé dans sa préface du dossier thématique dirigé par elle dans Critique – à « l’élargissement des sujets à connaître, des liens à honorer, des voix à entendre25 ». C’est à partir de ce « mode d’observation26 » et de cette écoute autre, de toute évidence moléculaire, que les livres de Marie Darrieussecq parlent, en prêtant voix à « un peuple qui manque27 ».
Si ce nouvel agencement épistémologique nous semble heureux c’est qu’il s’inscrit dans la continuité directe de la géophilosophie deleuzo-guattarienne qui déplie sur un même plan « les trois grandes formes de la pensée, l’art, la science et la philosophie28 ». Interconnectées les unes aux autres, ces formes de la pensée entrent en communication par leurs bordures interstitielles, par le biais des intercesseurs29 appelés respectivement personnage conceptuel, figure esthétique et observateur partiel30. Les intercesseurs d’aujourd’hui, après le tournant empirique qui vient décloisonner les disciplines, sont ces agents – tous en quelque sorte pisteurs31, philosophes, artistes et scientifiques, truchements32 – qui ont pris conscience de l’urgence à apprendre à habiter autrement le monde.
Deux éléments restent encore à clarifier en vue du cadre conceptuel dans lequel les réflexions sur le travail de Darrieussecq prennent sens. Premièrement, il faut revenir sur l’adjectif « écologique » par lequel nous qualifions l’écriture darrieussecquienne, et qui, comme tel, désire aller au-delà de l’acception usuelle, car directement connecté non pas à une écologie unique, mais à trois, dans la perspective de Trois écologies de Félix Guattari. En effet, face à une perspective simplement « technocratique », Guattari revendique « une articulation éthico-politique de l’écologie », qu’il appelle écosophie33. En tant que « jonction conceptuelle », l’écosophie tient donc ensemble trois écologies : l’écologie environnementale, l’écologie sociale et l’écologie mentale34. Voici que l’écologie mentale s’articule dans une telle perspective écosophique :
Le sujet ne va pas de soi ; il ne suffit pas de penser pour être, comme le proclamait Descartes, puisque toutes sortes d’autres façons d’exister s’instaurent hors de conscience tandis qu’il advient, lorsque la pensée s’acharne à se saisir elle-même, qu’elle se mette à tourner comme une toupie folle, sans rien accrocher des Territoires réels de l’existence, lesquels, de leur côté, dérivent les uns par rapport aux autres, telles des plaques tectoniques sous la surface des continents. Mais plutôt que de sujet, peut-être conviendrait-il de parler de composantes de subjectivation travaillant chacune plus ou moins à leur propre compte. […] Ces vecteurs de subjectivation ne passent pas nécessairement par l’individu ; lequel, en réalité, se trouve, en position de « terminal » à l’égard de processus impliquant des groupes humains, des ensembles socio-économiques, des machines informationnelles, etc35.
On comprend pourquoi cette perspective est à même de jeter une lumière nouvelle sur le travail artistique de Darrieussecq, en ce qu’il, d’un livre à l’autre, ne cesse de créer des « subjectivations » inédites préoccupé par la traduction des concrescences écosophiques émergentes : êtres humains et non-humains, animaux, végétaux, fantômes, sensations et certainement des mots36.
Deuxièmement, s’impose l’idée programmatique de penser par le milieu ou « être au milieu » dont Trois écologies participe au même titre que la philosophie technique de Simondon avec le concept de transductivité, ou encore l’agentivité, mot d’ordre de notre contemporanéité pragmatico-écologique de Haraway et de Coccia à Anna Tsing37. Aussi le concept de milieu se répercute-t-il dans les concepts géophilosophiques de Mille plateaux : rhizome, devenir, déterritorialisation, agencement, etc. Si le milieu nous intéresse, c’est que le travail artistique de Darrieussecq fait milieu avec ce contexte philosophico-théorique. Le mobiliser (comme dispositif) nous paraît nécessaire pour comprendre à fond le programme « écosophique » de Darrieussecq brillamment esquissé d’abord en 2001 devant le micro de Martha Holmes et de Becky Miller.
Le monde est aussi fait d’électrons, de microbe, d’ondes, de planètes… bientôt sans doute de clones, d’OGM, de nouveaux sons, de nouvelles odeurs…, et…. Je participe au mouvement permanent de défricheurs. Je veux ouvrir des yeux sous les yeux des lecteurs, des oreilles sous leurs oreilles, une nouvelle peau sous leur peau. À quoi sert un livre qui ne propose pas de voir le monde comme s’il se dévoilait pour la première fois ? Pour ce travail, il faut des phrases nouvelles, des formes nouvelles, de nouvelles postures d’écriture38.
Puis, quelques années plus tard, en 2010 :
Qu’est-ce qui est inspirant ? C’est quand les lignes se déplacent. On n’écrit pas parce qu’on a entendu une bonne histoire, ou parce que le coucher de soleil est inspirant ce soir. On écrit parce qu’un mouvement, même infime, se produit, et que notre perception en est modifiée. Cette grosse cloche qu’est notre tête se met à résonner. On entend quelque chose qui jusque-là nous avait laissés sourd. Un rythme s’ébauche, des cercles d’onde, une vision. J’essaie d’expliquer ici ce qui échappe. Le sentiment qu’il existe quelque chose dans une zone hors mots, une zone hors de tout repérage préexistant. J’ai envie de pénétrer dans cette zone, avec des mots. La pulsion d’écrire naît peut-être là. D’aller vers ce qui ne parle pas39.
À vouloir identifier les démarches par lesquelles Darrieussecq entend s’acquitter de ce travail de défricheur, il suffit de faire appel à l’écosystème narratif qu’elle met en place de son écriture, écosystème en perpétuel déséquilibre, trouble et troublant40 nous confrontant à des paysages modulatoires, haptiques (espace lisse des mers, vagues, plis, « lieux indécis et fluctuants41 », bordure, jointure, zone d’indiscernabilité, forêt, etc.) dans lesquels avancent, grimpent42, bougent des sujets en devenir, des êtres de la métamorphose. Femmes, la truie de Truismes (1996), le fantôme de Naissance des fantômes (1998), le surfeur de Précisions sur les vagues (2008) et d’autres intercesseurs, autant de personnages conceptuels ou figures esthétiques : « la mère-écrivain » dans Connaissances des singes43, la randonneuse44, Marie Rivière dans Le Pays (2005), Solange et Kouhouesso dans Il faut beaucoup aimer les hommes (2013), Viviane et le cliqueur dans Notre vie dans les forêts (2017), Rose dans La Mer à l’envers (2019) ou l’insomniaque de Pas dormir (2021), etc. Toutes à même de créer de percepts et affects inédits (sur l’animal, le monstre, la peur, la folie, la honte, l’amour, la posthumanité, les clones, la migration, les classes sociales, enfin bref, sur l’écosystème instable de notre monde, de notre cerveau). Ce sont – pour le dire avec Deleuze et Guattari – des « devenirs non humains de l’homme » et des « paysages non humains de la nature45 ».
Or, au-delà d’un simple constat du caractère opératoire des concepts deleuzo-guattariens dans la description de cet univers, nous avons cherché à montrer que ce programme artistique participe bel et bien d’une pensée (géo)esthétique et géophilosophique telle qu’elle se développe de Mille Plateaux à Qu’est-ce que la philosophie ? en passant par Logique de la sensation46. De fait, il s’agit d’invalider le paradigme mimétique (à savoir le privilège de la vision optique, la « géométrie du point47 », la perspective) et son sujet cartésien par modulation, en vue d’une épistémologie nomade, d’une critique clinique prometteuse d’opérations méticuleuses au long des « lignes qui se déplacent48 » (schizoanalyse). C’est dans ce contexte qu’il faudrait comprendre ce que nous avons défini comme l’enjeu majeur de l’écriture darrieussequienne à savoir son « devenir imperceptible » que l’autrice réalise en restant au milieu : toujours « entre (équilibres, territoires, genres, identités), toujours à côté, toujours en attente49 ».
À la lumière du contexte écologique esquissé, le programme de Darrieussecq, toujours porté par le désir d’écrire, de « faire monde50 » ou « monder51 » avec ce qui « désintègre52 », revêt une dimension collective dans son intimité53 la plus bouleversante où fabuler – de quoi ?, de nous, les autres animaux54 – veut dire rester dans le trouble (social, mental, environnemental), et qui plus est, l’anticiper. Car on l’a compris, habiter le trouble ne va pas sans « devenir-avec55 », sans « s’enforester56», sans oser sortir57 et jardiner sa forêt, son biotope – en truie, en clone, en écrivaine, mais toujours en prenant le stylo pour écrire avant qu’il ne soit trop tard…
C’est ce programme que Darrieussecq réalise lorsqu’elle accepte, en véritable personnage conceptuel, de contribuer à l’album de photos de Nicolas Guiraud, Anthropocène59. Ce qui rend cette rencontre plutôt déconcertante de prime abord, c’est la forme que la contribution prendra : puisqu’il ne s’agit pas d’introduire les photos avec une préface ou d’écrire une postface explorant le parcours de la séquence photographique. Le texte qu’elle propose a l’air d’un fragment inédit d’une fiction postapocalyptique ; comme si seules ces deux pages avaient survécu au grand cataclysme, aux multiples déplacements60, c’est du moins ce que laisse sous-entendre l’artifice du dispositif. Les deux pages, paginées 47 et 48, suivent les quarante-six photos, sauf qu’elles serviront de couverture pour l’album : le texte de Darrieussecq devient illustration, image de couverture en faisant paysage avec le reste.
Entre les deux pages de couverture (avec des phrases naturellement tronquées au début et à la fin), se déploie la série des photos : toutes des paysages qui font état de la nature telle qu’elle se présente devant la caméra du photographe. Non pas dans sa splendeur humaniste, dans sa beauté triomphante, avec sa végétation luxuriante, grandiose ; la nature y est plutôt incolore et terne, grandiose et belle certes, mais non humanisée, non magnifiée par le regard. Guiraud se démarque de l’iconographie avérée de la nature, en la neutralisant dans une autosuffisance simple. La présence humaine y prend la forme de ces traces que l’homme, l’anthropos a laissées derrière soi : blessures, croûtes, balafres, cicatrices d’anciens ouvrages d’art hors d’usage, des bâtiments et sites abandonnés, d’installations industrielles sinistrées, une nature donc que le génie civil de l’Anthropocène a bel et bien exploitée, abîmée. De même pour les rares figures humaines (épuisées certainement par l’accélération à laquelle les deux cents ans de l’Anthropocène donnèrent lieu), ces figures, si elles font leur apparition dans la séquence, restent comme jetées dans leur contingence, incompréhensibles, éloignées de l’a priori d’une intelligibilité humaniste. Une femme, un homme, n’est-ce pas, les témoins « de la dissolution totale de la frontière qui sépare l’homme de la nature61 », pour reprendre ici l’heureuse formule introductive de la présentation ? L’humain dans son être-là ne fait plus appel à la transcendance coercitive néanmoins salvatrice en vue de serrer le lien entre nature et culture. Cela reviendrait à recourir au « modèle écologique qui continue à puiser dans la vieille tradition théologique62 ». Or, le nouveau modèle, appelé par Coccia modèle agricole, qui serait à l’origine de la révolution de la peinture moderne chez Van Gogh, et vers lequel la concrescence des photos et du texte-couverture se tourne, ce modèle consiste à « penser toute relation interspécifique63 » : une agentivité irréductible qui transforme tout en paysage64. Sans doute ces photos montrent-elles dans leur componction et gravité non esthétiques, non empathiques, l’état actuel du monde, le trouble, mais, ce faisant, elles traduisent aussi, et non sans envergure « [l]’avènement d’un monde enfin débarrassé de l’idée même de nature65 ».
Alors, comment inventer une modernité de la nature aujourd’hui ? Il nous paraît que c’est par la fiction – dont on ignore et le début et la fin, et qui loin de vouloir commenter ne fait qu’affleurer les photos de Guiraud. C’est donc par la fiction que le recueil crée un dispositif, en l’occurrence celui du paysage, comme « dispositif ontologique66 », par où pouvoir regarder, par où com-prendre, à savoir appréhender ensemble l’Anthropocène. Si la prose de Darrieussecq participe de l’intelligibilité des photographies, c’est qu’elle propose en deux pages « tirées » d’un roman d’anticipation, un état des lieux et un programme d’agir. S’inscrivant visiblement dans les préliminaires de Notre vie dans les forêts, le fragment de cette SF67 postapocalyptique offre aux photos une perspective modulatoire68, un regard que le spectateur contemporain adoptera peut-être pour sortir du « point de vue réaliste du trompe-l’œil69 » que les photos de nature de Guiraud désirent également dépasser (notamment en utilisant moins de lumière, moins de soleil) à l’encontre d’une esthétique de désolation qu’il est difficile de conjurer. Pour Coccia, dans un contexte pictural, « le paysage est […] l’inverse de la perspective, car il n’est pas question d’objectiver une vision ou de rendre visible un objet à un sujet qui le contemple70 ». Si Van Gogh réussit à « tout transformer en paysage71 » dans sa recherche de « dépasser le cadre du mimétisme de l’école de Barbizon72 », c’est qu’il parvient à minorer (moduler) « l’être humain qui ne doit aucunement l’emporter sur le reste des acteurs non humains73 ». Comment « métamorphoser » la perspective en paysage à la Darrieussecq ?
Les deux femmes du récit (deux cyborgs, deux « moitiés », Viviane et Marie ?) contemplent leur monde (au sens fort du terme74), d’en haut, d’une falaise (dans une iconographie contemplative des critiques sociales du cycle de Bas-de-Cuir de F. Cooper). On constate avec elles (ou avec la narratrice qui dit « je » à la fin) les dégâts (état des lieux) : l’abattement des arbres, les explosions et les trous qu’elles creusent et qui finiront par devenir habitables, la disparition du delta, les changements de la flore et du faune dus aux grands déplacements. On regarde le désastre avec elles, leur conversation dérange puisqu’elle n’en est pas une, on sait tout, pourquoi parler ?, les données sont « communément partageables, facilement vérifiables75 », on ne fait que constater, simplement.
Le pays d’en bas s’était dépeuplé quand l’embouchure du fleuve avait été décidée là plutôt que là. D’un grand coup d’épaule, le fleuve avait changé de lit. Les marécages s’étaient asséchés, les digues de roches et de béton s’étaient élevées, solides. La côte avait vidé la forêt de son eau et de ses habitants. Des champs avaient poussé sur le delta, et les oiseaux avaient migré d’un coup. Les essences des arbres avaient progressivement changé. Moins hauts, moins denses. […] La taille des animaux s’était modifiée76.
À cette mise en perspective de la catastrophe, après un détour vers « la bipédie généralisée » puis une réflexion sur la nature troublée du savoir en mode posthumain (reste à comprendre le danger cognitif qu’impliquerait la disparition des nuances entre savoir et ne pas savoir, la différence entre un « [j]e sais » et un « [e]lle disait qu’elle savait, mais nous ne savions pas »), à cette mise en perspective suit le programme d’agir : « il fallait qu’on descende, il fallait rejoindre les autres » – pourquoi ? pour avoir par où écrire, et par extension, rester vivant. Puisque « […] nous restions vivants. Nous avions de l’avenir sur terre, oui77 ». Comprenons la portée de cette phrase au passé sur la survivance, avec une référence à un avenir et ce dans un soi-disant roman d’anticipation dont la majeure partie a probablement disparu dans le cataclysme, dans les déplacements… Cette phrase sur la couverture de l’Anthropocène pourra-t-elle servir de programme d’agir ? Enfin, l’humain ou ce qu’il devient avec ses prothèses, tant qu’il aura le cerveau, la mémoire, fera partie du paysage, fera paysage avec le trouble, ou plutôt non : il ne fera paysage que tant qu’il gardera la mémoire de ce qui est en passe. Tant qu’il saura et maintiendra l’écart troublant entre « elle disait qu’elle savait, mais nous savions pas » et « [v]oilà ce que je savais ». On pense avoir compris pourquoi lancer un appel « exactement maintenant » – pour créer ces cerveaux, ces mémoires, ces vies qui manqueront.
La lueur d’Europe s’éteignait sur l’Ouest et je songeais qu’exactement maintenant, au moment où les scieurs reprenaient le travail, au moment où les nôtres allumaient leur premier feu au pied de la falaise, au moment où s’éveillaient, à dix par mètre carré, les poulets de l’élevage, au même moment exactement sur l’Europe l’atmosphère recréée s’épaississait et les plantes poussaient dans les serres des pionniers. Au même moment : il aurait fallu deux cerveaux, deux mémoires, deux vies78.
Darrieussecq est l’artiste des déplacements. Aux déplacements « de la terre ou de la mer, d’Europe ou de Jupiter, des satellites, du fleuve, de l’ancienne ville, des migrants79 » s’ajouteront les déplacements de frontière dans nos catégories, dans notre imaginaire, dans notre réalisme cognitif et émotionnel comme autant de fabulations sur l’humain et son écosystème, en animal, en posthumain, en écrivaine, en créatrice d’un « musée de la Nature contemporaine80 ». Dans cette étude nous avons présenté le travail écosophique de Darrieussecq en général et avec Guiraud en particulier : il nous semble que ce travail assume pleinement le difficile office que Coccia assigne à ce « nouveau type de musée » qu’il faudrait que les artistes contemporains explorent, et « dont la mission n’est plus la préservation du passé, mais la production active et consciente de l’avenir81 ».
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Stengers, I. (2017) : Préface. In : A. Lowenhaupt Tsing, Le Champignon de la fin du monde. Paris : La Découverte.
Trout, C. (2020) : Les animaux et nous chez Marie Darrieussecq : une coexistence indispensable. Dalhousie French Studies Vol. 115, Winter : 11–19, https://doi.org/10.7202/1067880ar.
N. Guiraud : Anthropocène, Paris : Poursuite, 2014. Publié à l’occasion de l’exposition, Paris, Galerie Temple, 10–26 avril 2014.↩︎
E. Coccia : Le Semeur : De la nature contemporaine, Arles : Fondation Vincent Van Gogh, 2020 : 16.↩︎
Voir à ce propos : A. Gefen : La littérature est une affaire politique, Enquête autour de 26 écrivains français, Paris : Éditions de l’Observatoire/Humensis, 2022 : 329–337.↩︎
Voir entre autres S. Posthumus : « Écocritique : vers une nouvelle analyse du réel, du vivant et du non-humain dans le texte littéraire », in : G. Blanc, É. Demeulenaere & Wolf Feuerhahn (ed.) : Humanités environnementales, Paris : Éditions de la Sorbonne, 2017 : 161–179 ; relativement au tournant animal voir : S. Milcent-Lawson : « Un tournant animal dans la fiction française contemporaine ? », Pratiques 181–182, 2019 : https://doi.org/10.4000/pra tiques.5835 ; A. Simon : « Déterritorialisations de Marie Darrieussecq », Dalhousie French Studies Vol. 93, Winter 2010 : 17–26, https://www.jstor.org/stable/41705554.↩︎
A. Gefen : « De l’écologie à l’écocritique », Esprit n° 472, mars 2021, https://esprit.presse.fr/article/alexandre-gefen/de-l-ecologie-a-l-ecocritique-43241.↩︎
« […] une cosmopolitesse : il s’agit de retrouver et d’inventer les égards ajustés envers les autres formes de vie qui font le monde, d’être enfin un peu cosmopoli », B. Morizot : Manières d’être vivant, Arles : Actes Sud, 2020 (epub).↩︎
D. J. Haraway : Vivre avec le trouble (trad. par Vivien García), Paris : Les Éditions des mondes à faire, 2020.↩︎
M. Darrieussecq : Truismes, Paris : P.O.L., 1996.↩︎
Voir en particulier le premier chapitre dans B. Latour : Face à Gaïa. Huit conférences sur le nouveau régime climatique, Paris : La Découverte, 2015 : 15–55.↩︎
E. Coccia : Le Semeur…, op.cit. : 15–16.↩︎
Voir aussi B. Latour : Face…, op.cit. : 27 et sq.↩︎
Ibid. : 29.↩︎
Ibid. : 51.↩︎
T. Morton : La Pensés écologique (trad. par C. Wajsbrot), Paris : Zulma Essais, 2019.↩︎
B. Latour : Face…, op.cit. : 51.↩︎
I. Stengers : Résister au désastre, Dialogue avec Marin Schaeffner, Marseille : Wildprojet, 2019.↩︎
B. Latour : Face…, op.cit. : 33.↩︎
G. Deleuze & F. Guattari : Qu’est-ce que la philosophie ?, Paris : Minuit, 1992 : 70.↩︎
Ibid. : 70 et 163.↩︎
Cf. B. Morizot : Sur la piste…, op.cit. : 26–27 ; Idem. : Les diplomates, cohabiter avec les loups sur une autre carte du vivant, Marseille : Wildproject : 2016.↩︎
Voir les propos de Darrieussecq dans A. Gefen : La littérature…, op.cit. : 331.↩︎
« Pister, c’est bien plus ambigu et suspendu que lire : c’est traduire. Traduire des signes donnés par un vivant qui est simultanément alien et parent. Traduire des « intraduisibles » », B. Morizot : Manières…., op.cit.↩︎
Sur la fabulation voir : G. Deleuze & F. Guattari : Qu’est-ce que …, op.cit. : 161–162 ; G. Deleuze : Critique et clinique, Paris : Minuit, 1993 : 13.↩︎
M. Macé : « Vivre dans un monde abimé », Critique 860–861, 2019 : 3–55, p. 4.↩︎
Idem.↩︎
Voir la préface d’Isabelle Stengers in : A. Lowenhaupt Tsing : Le Champignon de la fin du monde, Paris : La Découverte, 2017.↩︎
Cf. G. Deleuze : Cinéma 2. L’Image-temps, Paris : Minuit, 1985 : 282–291 ; G. Deleuze & F. Guattari : Qu’est-ce que …, op.cit. : 104–106, 167.↩︎
G. Deleuze & F. Guattari : Qu’est-ce que …, op.cit. : 186.↩︎
Ibid. : 72, 79 ; G. Deleuze : Pourparlers, Paris : Minuit, 1990 : 171. ↩︎
Voir G. Deleuze & F. Guattari : Qu’est-ce que …, op.cit. : 111–127.↩︎
Voir en particulier B. Morizot : « L’art du pistage » in : Sur la piste animale, Arles : Actes Sud, 2018 : ch. 4.↩︎
B. Morizot : Sur la piste…, op.cit. : 26.↩︎
Cf. F. Guattari : Trois écologies, Paris : Galilée, 1989 : 12.↩︎
F. Guattari : « Qu’est-ce que l’écosophie ? », Entretien avec Félix Guattari de Eric Braine et de Jean-Yves Sparfel, Terminal 56, 1996 : 19–32, https://doi.org/10.3406/chime.1996.2073 (consulté le 28 juin 2022). Pour la définition des trois écologies voir aussi F. Guattari : Trois…, op.cit. : 21–22.↩︎
F. Guattari : Trois…, op.cit. : 23–24.↩︎
« […] je ne participe pas au débat public dans mes romans, je fais autre chose. Je m’occupe des mots […] » entretien d’A.-S. Sprenger, « Le cauchemar de Marie Darrieussecq », Le Matin Dimanche 20, août 2017 : 40–41, p. 41. Accessible sur le site https://mariedarrieussecq.com/entretiens.↩︎
« Au milieu des choses » est le titre de la quatrième partie de A. Lowenhaupt Tsing : Le Champignon de la fin du monde, Paris : La Découverte, 2017.↩︎
Entretien publié et téléchargeable sur le site https://mariedarrieussecq.com/ entretiens. Consulté le 28 juin 2022.↩︎
M. Darrieussecq : « Le corps tel qu’il s’impose », in Villa Gillet & Le Monde : Les Assises internationales du roman 2010 : Le roman, tout dire ?, Paris : Christian Bourgois, 2010 : 97–103, p. 98.↩︎
Cf. à ce propos T. Gyimesi : « Des espaces-fantômes de Marie Darrieussecq », Verbum Analecta Neolatina, XV/1–2, 2014 : 86–97 ; Idem : « « Être poreux au monde ». Du dynamisme moléculaire de l’(auto)fictif à la Marie Darrieussecq », J.-M. Devésa (ed.) : Eidôlon 113, 2015 : 65–73, https://books.openedition.org/pub/16543.↩︎
M. Darrieussecq : Le Pays, Paris : Galilée, 2005 : 179.↩︎
Pour les traits dynamiques des personnages conceptuels voir G. Deleuze & F. Guattari : Qu’est-ce que…, op.cit. : 69.↩︎
Nouvelle de 2005 publiée dans M. Darrieussecq : Zoo, Paris : P.O.L, 2006, 37–54.↩︎
Nouvelle de 1988 couronnée du Prix du jeune écrivain, publiée dans Zoo, op.cit. : 155–180.↩︎
G. Deleuze & F. Guattari : Qu’est-ce que…, op.cit. : 160.↩︎
G. Deleuze : Francis Bacon. Logique de la sensation, Paris : Éditions de la Différence : 1981.↩︎
T. Gyimesi : « Des espaces… », op.cit. : 88.↩︎
M. Darrieussecq : « Le corps tel qu’il… », op.cit. : 98, rapproche son travail artistique de celui de Deligny sur les autistes et ses lignes d’erre.↩︎
T. Gyimesi : « Des espaces… », op.cit. : 97. Voir aussi les phrases de Darrieussecq qui laisse comprendre la profonde affinité entre la pensée deleuzienne et le travail de l’écriture : « Quand j’écris je deviens invisible. […] Si je n’atteins pas ce moment de l’invisibilité, si le corps ne devient pas le texte, ce n’est pas la peine.»↩︎
Le terme de D. Haraway « worlding » cité par B. Latour : Face…, op.cit. : 49–50. Latour n’oublie pas de rappeler la généologie de ce pluralisme de l’univers, en faisant appel à William James et à Whitehaed, cf. Ibid. : 50, note 65.↩︎
« […] monder sonne un peu bizarre à l’oreille, mais sera juste » (idem.).↩︎
« Quelque chose me traverse, on peut appeler ça le monde, et me désintègre et recrée sur la page. », M. Darrieussecq : « Le corps tel qu’il… », op.cit. : 101.↩︎
« La repolitisation de la littérature est advenue par le retour de l’intime. », in A. Gefen : La littérature…, op.cit. : 330.↩︎
C. Trout : « Les animaux et nous chez Marie Darrieussecq : une coexistence indispensable », Dalhousie French Studies Vol. 115, Winter 2020 : 11–19, https://doi.org/10.7202/1067880ar; A. Simon : Marie Darrieussecq ou la plongée dans les « mondes animaux », Dalhousie French Studies Vol. 98, Spring 2012 : 77–87, https://www.jstor.org/stable/23621673.↩︎
D. J. Haraway : Vivre…, op.cit. : 33.↩︎
B. Morizot : Sur la piste…, op.cit. : 17–29. Souvent est-il question chez Darrieussecq de s’enforester.↩︎
« Notre génération a osé quitter la France mentalement et elle a osé changer de vocabulaire. Ce sont bien des actes politiques. », in A. Gefen : La littérature…, op.cit. : 331–332.↩︎
N. Guiraud : Anthropocène, op.cit. : la quatrième de couverture (texte de M. Darrieussecq).↩︎
Voir les photos sur le site https://www.nicolasguiraud.com/works/5.↩︎
« – Surtout depuis le dernier déplacement. Parlait-elle de la terre ou de la mer, d’Europe ou de Jupiter, des satellites, du fleuve, de l’ancienne ville, des migrants ? Elle se moquait, peut-être. », N. Guiraud : Anthropocène, op.cit. : la quatrième de couverture (texte de M. Darrieussecq).↩︎
Voir sur le site https://www.nicolasguiraud.com/works/5.↩︎
E. Coccia : Le Semeur…, op.cit. : 14–15.↩︎
Ibid., 15.↩︎
Ibid., 8.↩︎
Voir sur le site https://www.nicolasguiraud.com/works/5.↩︎
E. Coccia : Le Semeur…, op.cit. : 9.↩︎
Les sens que Haraway assigne aux lettres SF résonnent avec le contexte darrieussequien. Voir D. J. Haraway : Vivre…, op.cit. : 9–10.↩︎
Par soustraction, par variation continue, par capture de forces. « [l]a modulation c’est l’opération du Réel », G. Deleuze : Cinéma 2… op.cit. : 42 ; « un moule temporel, variable et continu, auquel seul convient le nom de modulation à strictement parler » et Deleuze cite Simondon dans la note 128 : « il n’y a jamais arrêt pour démoulage, parce que la circulation du support d’énergie équivaut à un démoulage permanent ; un modulateur est un moule temporel continu… Mouler est moduler de manière définitive, moduler est mouler de manière continue et perpétuellement variable » (L’individu et sa genèse physico-biologique, Presses Universitaires de France, pp. 41–42), G. Deleuze : Francis Bacon…, op.cit. : 126.↩︎
E. Coccia : Le Semeur…, op.cit. : 9.↩︎
Ibid. : 8–9.↩︎
Ibid. : 8.↩︎
Idem.↩︎
Idem.↩︎
Selon Le Robert, contempler vient du latin contemplari, de cum « avec » et templum « espace des présages ».↩︎
N. Guiraud : Anthropocène, op.cit. : la quatrième de couverture (texte de M. Darrieussecq).↩︎
Idem.↩︎
Idem.↩︎
Idem.↩︎
Idem.↩︎
E. Coccia : Le Semeur…, op.cit. : 16.↩︎
Idem.↩︎